http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-18
Tout a une fin, même les pires. Dans l'épilogue que constitue ce dix-huitième billet, Bertine nous tire provisoirement sa révérence.
Le confinement nous a considérablement rapprochés, tous les trois. Les qualités de danseur de Martin m'avaient échappé, et l'exubérance de Luciole surpasse de loin l'idée que je m'en faisais. Le croiriez-vous, je ne me suis jamais préoccupée de savoir sur quoi leur relation était fondée. En fait, je m'en fous. Pour moi, l'amour repose sur la liberté. L'autre me touche lorsqu'il hésite, se trompe, cache maladroitement, malgré lui, ce qu'il croit être une faute à mes yeux. Je m'émeus de ces combats intérieurs que la mousse qu'ils produisent révèle. Pour cela, nulle entrave possible. Si on aime ses fleurs, alors on ne plonge pas la plante dans la nuit.
Pas à pas, j'ai observé Luciole abandonner sa culpabilité, s'autoriser progressivement à jouir sans retenue de ce que je ne pouvais lui prodiguer. Aujourd'hui, sa gueule de repue me fascine. En retour, elle m'envoie comme jamais dans les étoiles.
Dans le même temps, Martin a engagé sa révolution culturelle. Manifestement, il y avait du boulot. Il a tout de même mis un an à nous sortir sa paire de claquettes. C'est délicieux de voir sa raideur se diluer dans les élucubrations de Luciole. Son regard ne me fuit plus. Un poil de plus, il s'autoriserait la concupiscence à mon endroit. Enfin, c'est pas fait...
L'office, c'est la pièce où nous croisons nos vies. La froideur bourgeoise des salons et autres salles à manger nous l'a fait préférer à tout autre lieu. Autrefois réservé à la domesticité, il garde en ses murs l'onde communautaire de gens simples, authentiques. C'est là que nous dînons la plupart du temps, buvons des canons, fumons des digespliffs et nous abstenons de refaire le monde.
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 29 juillet 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve18http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-17
Dans ce billet 17, Martin ne fait pas le fier.
Je vous fais grâce de mon évacuation et du repli stratégique des Trois brigands au château. Nous avions laissé Luciole gérer les garnements et étions partis pour l'hosto. Martin, c'est pas un clodo comme nous deux. La caisse de Luciole, vous hésiteriez à monter dedans. Sans compter qu'il faut se battre avec le bordel pour y faire sa place et que la moitié du trajet ne sera pas de trop pour décoincer la ceinture de sécurité. Attention, celle de Martin, c'est du tout cuir avec des boiseries charmantes. La ceinture fonctionne, le siège passager se laisse docilement régler, que du bonheur. Même avec mes côtes en long, j'atteignis un certain niveau de confort. Martin était super prévenant, un peu beaucoup peut-être. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il me ramassait à la petite cuillère, jamais je ne l'avais vu comme ça. Délicat, il attendit le retour, deux heures plus tard, pour lâcher ce qui le tarabustait. Il m'avait refait le plein de calmants, j'étais cool à la réception.
- Bertine, il faut que je te parle de ce qui m'est tombé dessus, c'est directement en rapport avec ton enquête. Je ne sais pas où tu en es de tes hésitations, mais les événements ont pris des décisions à ta place et par ma faute.
- Qu'as-tu fait ? Que veux-tu dire ?
- Comme tu le sais, j'ai examiné avec soin les photos de la boîte à gâteaux, et l'une d'elles m'a interpellé. En regardant attentivement, on devine une tierce personne, dans le reflet d'une vitre, un adulte. Seulement, la qualité médiocre du tirage et le manque d'éclairage rendaient impossible toute identification. Du coup, je l'ai porté à un collègue de la scientifique qui est spécialiste en traitement d'image. On a fait ça sur un coin de table, en deux temps, trois mouvements, nous avions un visage.
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 1 juillet 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve17http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-16
Des tuyaux, des grilles et des hublots, pour ce seizième billet.
La porte s'ouvrit violemment. Un être, bardé de tuyaux, de grilles et de hublots, fit irruption en gueulant :
- Putain de bordel ! Vous faites quoi, là ?
Interloqués, les deux gosses stoppèrent leur rossée, les manches de pioche roulèrent au sol. L'apparition les dégagea sans ménagement de ma personne, les repoussant dans leur coin.
- Assis !
Ils obéirent sans moufter, totalement passés sous la domination du monstrueux assemblage : Luciole derrière son pire masque steampunk. Elle se saisit de la paire de manches de pioche et les jeta dehors avant de refermer la porte. Elle me vit défaillir, m'aida à me relever, et fit face.
- Si vous avez blessé ma copine, ça va chier pour votre matricule.
Jules semblait prêt à reprendre la baston, d'autorité Rose-May le prit sur ses genoux et le serra dans ses bras avec une tendre fermeté. Lorsque le calme se fit autour de la table, Luciole ôta lentement son équipement anti-pandémique. À s'énerver comme ça, elle s'était pris un sacré coup de chaud là-dessous.
- Vous n'êtes pas malades ? Vous en prendre à Bertine, votre seul atout, votre unique chance de ne pas finir au trou, ou en HP. Vous avez tué un mec, les gosses, ça ne va pas s'effacer comme ça. Vous avez laissé des indices partout derrière vous, alors vous pourriez au moins collaborer à votre sauvetage, au lieu de creuser votre tombe à coups de gourdin.
Penauds, les yeux dans leurs godasses, les sacripants n'osaient plus regarder en face. Moi, je serrai les dents, tentai de m'asseoir, n'y parvins pas. Luciole le vit, se crispa, vint sur moi, n'osa pas me toucher, et sortit son portable.
- Martin ? Pardon de te déranger en plein boulot, mais on a besoin de tes services, Bertine est blessée, tu pourrais rappliquer ?
- ...
- Elle a un pète au flanc et a du mal à respirer. T'arrives ! Super, à tout de suite.
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 21 juin 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve16http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-15
Diable ! Ça bastonne, dans le billet 15 de « Impair dans la boue ».
Ça n'avait pas traîné, deux jours après son appel de détresse, Marie vibrait sur ma cuisse. Dès huit heures du matin, après avoir pillé quelques boites dans la réserve, Rose-May était sortie promener son petit frère, Jules. Marie l'avait vue partir en direction de la forêt. J'avais évalué mon avance et m'étais mise en route sans plus attendre. En sortant, je croisai Luciole.
- Tu te casses ?
- Yep ! Je file au repaire des Trois brigands, pour essayer d'intercepter Rose-May et Jules.
- T'as pris ton cran d'arrêt ?
- T'es folle ? Elle a douze ans et lui huit.
- Sois prudente.
Je pressai le pas, au milieu des senteurs humides du matin. J'avais une grosse avance sur elle, mais je préférais avoir le temps de me trouver un bon poste d'observation, histoire de les voir arriver sans surprise. Aux abords de la maisonnette, je ralentis l'allure, évitant au mieux de progresser à découvert. Bien m'en prit, un craquement soudain m'invita à m'effacer derrière un tronc ; à vingt mètres de moi, un garçon déboucha de derrière un taillis et s'engagea sur la prairie sans me voir. Je regardais s'éloigner la frêle silhouette en pensant à Noé, le copain de Rose-May. Ce ne pouvait être que lui, avec ces bésicles d'intello.
Luciole avait enquêté sur ce gosse, Noé, à peine plus vieux que Rose-May. Ils usaient leurs fonds de culotte dans les mêmes classes depuis la maternelle. Dans la foulée, Luciole avait élucidé les vols de bouffe. Noé et sa mère étaient dans l'indigence la plus totale. Depuis la fuite de son mec, elle vivait de ménages. La pandémie y avait mis fin, depuis ils ramaient pour grailler. Tout cela se confirmait maintenant : bravant tous les interdits, Rose-May chapardait, pour retrouver Noé en secret, au repaire des Trois brigands.
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 31 mai 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve15http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-14
Aimez-vous le vichy ? Luciole semble l'apprécier dans ce billet 14.
Où avais-je la tête ? Ce matin de printemps, le temps s'annonçait superbe ; aussi, je m'étais choisi une blouse mi-cuisses en vichy rouge. Une cotonnade délicate, défendue par six gros boutons de nacre. Je trouvais l'ensemble ravissant de naïveté et de fraîcheur champêtre. Heureuse et insouciante, tel le Chaperon rouge, j'avais rejoint l'office pour préparer des galettes à mes deux colibris. Pour mon malheur, ils descendirent bien avant mes ablutions matinales. Dans la farine jusqu'aux coudes, je ne pensais qu'à mon retard soudain, oubliant juste un détail : le vichy rouge avait le don de rendre Luciole complètement dingue. Au lieu de m'embrasser, elle a tourné bride en disant « j'reviens ». Martin et moi, nous nous sommes étonnés des yeux quelques instants, puis rapprochés afin de nous claquer une paire de corona-bises. Il arborait une splendide chemise noire, bouffante à souhait ; aussi j'écartai les bras en tendant le cou, pour lui éviter la farine. Chastement, il se courba en avant pour éviter le contact avec ma poitrine rendue saillante. C'est le moment que choisit Luciole pour revenir avec un appareil photo et immortaliser notre profil. En regardant son cliché, elle émit un avis des plus inquiétants :
- Top balaise ! Celle-là, je la vends.
Je ne pouvais pas laisser passer ça sans y mettre mon nez.
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 24 mai 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve14http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-13
Buvons, pendant que le Billet 13 nous ouvre la boite à biscuits.
Dans la mythologie occidentale, Adam et Ève vivaient nus au paradis. Pour les faire chier, en les chassant, Dieu leur inventa la pudeur et les revêtit d'une tunique. Depuis, l'on habille l'indigent avant de le nourrir. L'affaire « Noé vs Cannan » marquera une étape décisive dans le processus. Petit rappel, divagamment historique, sur la teuf qui suivit les premières vendanges d'après le déluge. Nu, complètement bourré, alors qu'il lutinait une servante, Noé fut surpris par Cham, l'un de ses fils. À ce point du récit, à quelques détails près, tout le monde est d'accord. C'est après que les versions divergent gravement. L'ensemble reste confus. Quoi qu'il en soit, l'affaire se compliqua au point que Cannan, fils de Cham, fût foutu à la porte avec toute sa smalah, alors que son père, déclassé, devenait esclave de ses deux frères. Par un prodige resté inexpliqué, il en devint noir de peau, ainsi que toute sa descendance. L'air de rien, l'anecdote venait d'inventer la notion de sous-races, si chère à notre civilisation. Depuis le déluge, domination et nudité se ménagent l'espace de nos existences. Le plus affolant vient de nous, de nos sens, de nos positionnements face au nu. Depuis l'exposition joyeuse de nos parures, jusqu'à notre nudité, celle des autres, plus ou moins consentie, il y a un océan de tempêtes.
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 17 mai 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve13http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-12
Billet 12, Luciole passe à l'action.
Nous étions tous les trois à l'office, assis autour de cette table qui a vu des générations de cochons passer de trépas à saucisson. Avisée, Luciole avait éteint le plafonnier, offrant ainsi une relative pénombre à notre assemblée. La veille, en en discutant toutes les deux, une double perquisition nous avait semblé opportune. Aussi, ce matin, Luciole était partie seule, avec son appareil photo, des sacs en plastique et une paire de gants.
A son retour, nous déjeunâmes, elle faisait une drôle de gueule, commençait à parler, hésitait, s'enfonçait à nouveau dans le silence. Martin, qui avait toujours les yeux dans le beurre sur la tournure prise par l'enquête, s'inquiéta de l'état de santé de Luciole. Elle s'agaça puis se tourna dans ma direction :
- Tu vois à quoi l'on arrive, avec tes conneries ?
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 16 mai 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve12
Et histoire de changer de support d'expression,
Une petite vidéo #Timelapse de la réalisation de l' #illustration de cette episode 12 de #Bertine - Voir la vidéo sur Youtubehttp://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-11
Les Trois brigands, vous connaissez ?
Bertine semble les découvrir dans ce onzième billet.
La lecture des Trois brigands m'a laissée sur ma faim. C'est pas que j'en attendais des réponses, mais je trouve l'oeuvre désuète, ou bien je n'ai plus l'âge. En tout cas, je crois fermement dans le témoignage du vagabond. Assurément, c'est les Trois brigands qui ont fait le coup, y a pas d'autres explications. Seulement, avec son pedigree pourri, mon indigent l'a dans le dos ; son inculpation n'est plus qu'une affaire d'heures, sa condamnation, inéluctable. C'est con, moi qui avais abandonné l'idée de courir au cul du tueur, me voilà prise au piège. Je ne vais tout de même pas laisser un innocent passer à la casserole sans bouger le petit doigt. Sachant ce que je sais, ma passivité n'est plus de mise, mais en tenant compte de ce que je déduis, il y a de l'hésitation dans l'air. Je m'explique :
Pour commencer, les photos retrouvées dans la mare semblent indiquer un acte de vengeance perpétré par une victime du curé. Renseignement pris, il n'était en poste dans notre belle région que depuis cinq ans. Si nous avions affaire à une ancienne victime, elle n'était donc pas d'ici. C'est là que ça devient moche. Jamais un étranger, ne connaissant pas parfaitement les lieux, n'aurait imaginé un plan aussi tordu, ce mode opératoire ne pouvait être que l'oeuvre d'un autochtone. La conclusion était juste odieuse. Déjà, sur ma planche, elle m'avait poussée à tout laisser tomber. Quoi ? Vous n'avez pas trouvé ? Alors, je vous laisse cogiter encore un peu. Un Bertine gratuit au premier qui trouve.
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 04 mai 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve11http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-10
Mais qu'est devenue #Bertine ? Confinée mais heureuse, elle fait la teuf avec ses deux complices. Ce n'est pas une raison pour qu'elle néglige l'enquête. Ce dixième billet nous le confirme avec son rebondissement...
Depuis quatre semaines, ma maîtresse, son amant et moi-même marinons au château, une sorte de week-end sans fin, mal défini. D'un point de vue théorique, ce confinement est une occasion unique de nous interroger sur le sens de notre existence, sur son inutilité métaphysique, le fameux « Vivre pour la Peau ». Toute cette absurdité mise à l'arrêt par de l'infiniment petit, un truc de dingues. Tout de même, j'ai de la compassion pour les victimes de cette saloperie, personne ne mérite d'être détruit par ça.
D'un point de vue pratique, ce confinement, à trois a brisé le rythme monacal de mon existence. Pour vous la faire courte : normalement, à partir du lundi, Luciole est à moi. Martin déboule plus ou moins le vendredi soir, je lui laisse ma chérie jusqu'au dimanche. Ça s'est fait comme ça, j'avais un besoin périodique d'isolement, Luciole était insatiable, Martin absent la semaine. Le modèle du partage en continu n'était venu à l'idée de personne ; ce blocus nous tombait dessus sans concertation préalable.
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 23 avril 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve10http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve-9
Dans ce billet neuf de #Bertine : #confinement, tartine consentante et #révélations.
Je suis toujours la première debout, j'aime bien le Véronèse de l'herbe givrée des petits matins froids. C'est aussi une survivance de ma vie monacale. En tant que cadette, j'y avais la responsabilité des feux. Ici, au château, je ne peux pas m'empêcher de faire la même chose. Une gestuelle quotidienne où la répétition me porte, me répare, enfin, c'est la même chose. Je gratte, regarnis et rallume le poêle à bois de l'office, remplis la mangeoire des oiseaux, caresse Watson, la chatte. Tout cela m'équilibre, me met en grâce dans la lumière naissante.
L'autre matin, le café sifflait, je m'étais mis du pain à griller sur la fonte encore tiède, ça faisait des biscottes. J'entendis Luciole descendre, elle se posta en face de moi, me prit la tartine des mains et la croqua en me regardant droit dans les yeux. Cette face en joie, je connaissais, c'était les prémices d'un débordement des sens. Je regardais le miel briller sur sa lèvre supérieure, craignis un instant qu'elle ne s'avance pour me lécher la figure. Elle en était cap', cette folle. Je choisis l'attaque perfide :
- C'est parce que Martin t'a négligée cette nuit que tu pilles mon petit déj' ?
- Parle pour toi, ça fait une semaine que tu fais la nonne sur ta planche.
- Je suis désolée.
- Je verrai à te pardonner, après...
- Après quoi ?
Question stupide de ma part, c'était couru, j'ai fini en tartine consentante sur la table de l'office.
Devant un nouveau café, assurée de mon calme, Luciole finit par avouer :
- J'ai pris la liberté de mettre à sécher les photos que tu as essayé de me cacher.
- Tu as fouillé ma chambre ? Tu me les as piquées ?
- Non, tu les avais laissé pourrir dans la poche intérieure de mon blouson, tu te rappelles ?
- Maintenant que tu le dis.
... ... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 31 mars 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve9http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve 8
Illustration numéro 8 - continuité du choix tehnique
stylo bille et crayons de couleurs
Ce matin, Martin est entré dans ma chambre, sans frapper. Je ne dormais pas, allongée sur le dos, les yeux rivés au plafond. Silencieux, il s'est assis à la tête de ma planche et a posé sa main sur mon front.
Ça fait des jours que je marine dans mon malheur, avec des relents désagréables sur ma peau, comme si j'avais gardé le même tee-shirt trop longtemps. Je la connais bien, cette odeur, c'est celle de ma peur. Il y a des tas de gens qui regardent des fictions pour éprouver ça, moi je me contente de la réalité ; celle que, par une pudeur de malheur, le commun des mortels tait ; celle que l'on découvre au creux des victimes, derrière les humiliations ravalées, au fond des mares de boue.
Mon immobilité aidant, Martin a fini par prendre mon pouls. Depuis deux ans que nous nous côtoyons, il n'a jamais osé le moindre geste équivoque à mon endroit. Il m'a même enveloppée d'une couverture, la fois où j'ai tenté de le provoquer. Il s'est toujours protégé de moi, je le comprends. Il m'aime comme on aime un zèbre, pour sa singularité.
Il repose délicatement mon bras sur le bois et du revers des mains, me caresse les tempes.
- Bertine, sans toi, la vie dans cette demeure est impossible. Reviens-nous, s'il te plaît.
Il faut dire que pour passer la pommade, Martin, c'est un pro. Sa voix de basse, profonde, rassurante, fait la moitié de son boulot de médecin. Le reste, c'est sur l'ordonnance. C'est pour cette résonance que je me contente d'être sa patiente.
C'était bon, ce qu'il me faisait. Avant que ses mains ne s'envolent à nouveau, vers d'autres corps, je relevai les bras au-dessus de ma tête et lui pris les poignets.
- Aide-moi.
- Je suis là pour ça. Luciole m'a dit t'avoir cherchée longtemps, avant de te trouver près de la mare, prostrée, nue et couverte de boue. Tu t'en souviens ?
- Un peu.
- Que s'est-il passé ?
- ...
... ... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 15 mars 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve8http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve 7
Illustration numéro 7 - continuité du choix tehnique
stylo bille et crayons de couleurs
Depuis une semaine, je ne sors plus, ne lis plus, ne parle plus. J'ai sombré. Toute la journée, je reste sur la planche qui me sert de lit, à essayer de faire le vide en moi, sans vraiment y parvenir. La nuit, je prie, mes propres démons, qu'ils m'absolvent. Au matin, Luciole, que j'aime aussi pour le respect qu'elle porte à mes dérapages, m'apporte mon Chairo quotidien, sans un mot, juste un baiser sur le front, en signe d'encouragement, puis elle referme la porte, tout doucement, me laissant à mon combat.
Tout a commencé avec cette méchante envie d'explorer la mare fatale. Il faisait beau, un haut soleil, presque chaud inondait le vallon, j'étais une fois de plus arrivée par le bas, à la recherche d'indices confirmant le chemin emprunté par la victime. L'ascension, propice à la méditation, fit ressurgir en moi la vision du mont Golgotha et les dix stations menant le Christ à sa mort. Cette fiction possède une indéniable valeur symbolique ; aussi, je m'efforce d'y soumettre mon curé. Il fallait bien un fil, pour le tirer, au pas de course, jusqu'à son trépas....
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.fr
--
publication : 1 mars 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquete #Breve7http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve 6
Illustration numéro 6 - continuité du choix tehnique
stylo bille et crayons de couleurs
Rose-May, douze ans d'âge, je parle d'une petite fille, pas d'un whisky. Je venais voir Marie, c'est sur sa fille que je suis tombée. La porte n'avait pas fini de s'ouvrir, je croisai son regard trop tôt, l'inquiétude s'y lisait. Elle se reprit très vite, adopta une attitude interrogative et joyeuse. J'expliquai en retour que c'était sa mère à qui je voulais parler. Avenante, elle s'effaça pour m'inviter à entrer :
- Maman n'est pas là, mais elle ne devrait pas tarder, voulez-vous l'attendre ?...
... LIRE LA SUITE sur luxuriance.frhttp://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve 5
Illustration numéro 5 - continuité du choix tehnique
stylo bille et crayons de couleurs
Comme souvent, les vendredis soir, je me suis surprise à guetter le retour de Martin. J'aime beaucoup l'amant de ma chérie. Il rapporte à la maison cette profondeur d'homme mûr qui me manque tant, depuis la disparition de Clément. En parlant d'hommes mûrs ; alors que je butinais d'ennui sur la toile, une photo m'arrêta. Elle illustrait un article sur la Marche pour la vie, à Washington, le 24 janvier dernier. Un truc de militants anti-IVG. Super, les filles ! Tremblez, nous sommes, encore et toujours, une sous-catégorie d'humains... Je vous détaille l'objet du délire, ça vaut son pesant de malignité.
Au premier plan, éructant au pupitre, comme à son habitude, Donald, leur président, l'homme qu'on soupçonne d'avoir payé une patate pour essayer de cacher qu'il avait glissé son scoubidou dans une actrice en mal de carrière. Bref, derrière lui, un grand abruti, caricature naphtalinée du maccarthysme, exhibe l'imbécile sourire du crétin sûr de son fait. A sa gauche, deux femmes, réduites à trahir, affichent leurs dents blanches dans un ersatz de joie merveilleuse, elles marchent avec Jésus.
... ... LIRE LA SUITE sur luxuriance.frhttp://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve 4
Illustration numéro 4 - continuité du choix tehnique
stylo bille et crayons de couleurs
Dans le lot des visiteurs qui s'enchaînent, faut que je vous parle de Bérénice. Elle marche beaucoup, moi aussi. On se croise. On s'apprécie. Ça a commencé par les yeux ; les siens ont un reflet propre à vous engloutir toute retenue. Elle est comme ça, Bérénice, dangereuse sans le savoir. Elle s'est forgé une carapace de rigide, pour cacher la folle et désirable bête qui sommeille en elle. Mais lisez-lui trois couplets bien troussés et la voilà qui fond sous les caresses de l'hexamètre. Une carrière à l'Éducation nationale n'a même pas réussi à la réduire en poudre à sablier. De sorte, une amitié ambiguë nous lie, qui, je le sais, me poussera un jour à l'étreindre.
Un thé à trois, autour du poêle à bois, nous offrit un cadre ; Noël s'était étouffé dans la boue, ça secouait, ça rapprochait. Bérénice n'est pas à proprement parler croyante, sa mère l'est pour elle, ça lui suffit. Mariée à un homme sans passion, sa prison est obscure comme un livre de messe. Pourtant, d'imperceptibles écarts trahissent ce qu'elle ne pourrait dire à confesse. Sa façon de poser sa main sur mes hanches, par exemple.
... ... LIRE LA SUITE sur luxuriance.frhttp://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve 3
Illustration numéro 3 - continuité du choix tehnique
stylo bille et crayons de couleurs
Incroyable, le nombre de gens qui sont passés au château la semaine dernière. Ils se sont tous donné le mot pour m'inviter à me pencher sur l'affaire. Côté officiel, pas de surprise. La police scientifique a cerné la mare deux jours durant ; les pandores se sont répandus dans la campagne et ont criblé de questions les villageois. Évidemment, habitant à proximité de la mare et avec la réputation que je me tape, je suis suspecte. Le nouveau capitaine de gendarmerie s'est déplacé en personne pour m'interroger. J'ai dû répondre de mon emploi du temps ainsi que de celui de Luciole. Que nous copulions au moment des faits ne constitue malheureusement pas un alibi. Faire ça en plein après-midi, pour ce lourdaud, ne faisait que révéler notre oisiveté, mère de tous les vices. Je préférais l'ancien capitaine.
Du haut de ses certitudes, il entendit ne pas perdre de temps. Plein d'emphase, ce gros malin attaqua sur mon récent passé :
- Nous avons un dossier sur vous, Mlle Van de Loo. Vous vous êtes récemment rendue coupable d'une agression sur deux individus. Il y a matière à s'interroger sur vos qualités de citoyenne, vous ne trouvez pas ?
- C'était moi l'agressée, c'était de la légitime défense.
- C'est ce que tout le monde dit dans ces situations. Contrairement à eux, vous en êtes sortie indemne. De plus, selon les informations dont nous disposons, rien ne vient réellement alimenter votre version. Enfin, la justice tranchera...
Avant qu'il ne finisse sa provocation, Luciole avait posé sa main sur mon épaule. Ce soudain soutien a stoppé net la rage qui montait en moi. Un connard de plus, persuadé qu'en m'appuyant sur la tête et en me toisant de la sorte, la faible femme qu'il pressentait en moi allait craquer. Il pouvait courir, ce gras-double. Je pris alors le parti du silence, mais lui donner l'avantage en baissant les yeux, ça, jamais. Pour une fille, fixer le regard d'un mec n'est permis que dans la mesure où l'acte est porteur d'un consentement quelconque. En dehors de cet idéal, c'est compris comme un défi ; c'est là qu'on se prend ordinairement des tartes dans la gueule. Heureusement, il reste une troisième voie, celle de l'interrogation. Ni soumise ni rebelle, juste curieuse ; c'est ma devise du moment.
Avec un zeste de séduction navrée, adoucie de candeur amusée, j'évitai en douceur l'irrespect et m'attaquai à détailler les nuances dans ses yeux bruns. Il ne s'attendait pas à ça, ce n'était sans doute pas dans son manuel. Il cilla, se reprit. L'instinct militaire prenant le dessus, il redressa un peu plus son corps légèrement adipeux, ses yeux se durcirent. De mon côté, j'ajoutai au mélange un poil d'ingénuité pour lui déclarer le plus légèrement possible :
- Capitaine, vous me vexez ! Me croyez-vous assez conne pour occire un curé en bas de chez moi ?
- Je suis dans l'obligation de l'envisager. Aussi, je vous prierais de rester à notre disposition jusqu'à nouvel ordre.
Il rompit, très roide, dans son bel uniforme de professionnel de la brutalité. Décidément, un curé et un militaire, croyances et violence, ça faisait la paire pour nous rappeler en ce début d'année tout le pathétique de la condition humaine.
En attendant, j'étais bel et bien prise au piège de devoir prouver mon innocence. Je vous le disais, ils se sont tous donné le mot...
... ... LIRE L'INTEGRALITE sur luxuriance.fr
--
publication : 18 janvier 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquette #Breve3http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve 2
Illustration numéro 2 - continuité du choix tehnique
stylo bille et crayons de couleurs
Ce matin, sur le coup des onze heures, Georges s'est pointé. Il faisait partie des chasseurs qui ont découvert le corps du Père Mounier. Georges, c'est vraiment un type bien. Cela n'a pas empêché la vie de le piétiner sans retenue. Il lui manque un paquet de ratiches, sa trogne est ravagée par les cuites et les bastons à répétition, mais ses yeux brillent d'une lumière qui s'est perdue chez beaucoup de nos contemporains. Raison pour laquelle il a ses entrées au château.
Avachi à la table de l'office, les mains posées devant lui comme deux souches, il était intarissable, infatigable. On a même appris le type de cartouches qu'il mettait dans son fusil et la couleur qu'avait son caleçon ce jour-là. Postée à sa gauche, à l'abri des postillons, je lui resservais régulièrement un bon coup de blanc, histoire de lui lubrifier les labiales. Précaution utile, au troisième verre, il est parti à zigzaguer dans les détails. Figurez-vous, il n'y avait pas vraiment d'eau dans la mare, juste de la boue, assez toutefois pour que le corps s'y soit profondément imprimé. Georges ajouta un commentaire troublant :
- La boue était épaisse comme de la pâte et faisait un bourrelet autour du curé, on aurait dit comme si une grosse main l'y avait enfoncé.
Georges n'était pas venu pour rien, à l'insu de ses copains, il a pris des photos de la scène avant l'arrivée des flics et entendait me les donner :
- Les gens y disent des choses sur toi, pas toutes méchantes. Les gendarmes, j'les sens pas. Y vont tomber sur un manouche à la dérive, lui coller une preuve accablante dans les fouilles, et hop ! Pliée, l'enquête. Alors, je pensais que tu pourrais p't-être nous démerder c't'affaire. C'était un bon gars l'Mounier. Dieu ou pas, ce serait pas bon pour nous d'y laisser courir c'ui qu'l'a mis dans c't-état. Je lui ai répondu que j'adorerais rendre service à ce village qui m'a si bien accueillie.
Le monde du numérique étant moins impénétrable que les desseins du Très Haut, Luciole l'entraîna vers sa machine non connectée, pour extraire le cadeau de Georges directement depuis son mini appareil photo.
Penchée sur la série de clichés, j'ai médité un moment. Cadrés avec un bon recul, ils offrent une vue exhaustive de la scène : la mare, encadrée par quelques bouquets d'arbustes ; au centre, le père Noël, rouge vif, cerné de boue sombre ; alentour, des touffes d'herbes folles. Effectivement, ça saute aux yeux, le Père Mounier est enfoncé comme s'il avait fait un « plat », après avoir sauté d'un plongeoir de huit mètres. Je ne vois pas de bras en croix, contrairement aux affirmations entendues ; en fait, aucun bras n'est visible. Pour les preuves matérielles, tu repasseras : les trois potes, exterminateurs de cervidés, heureux comme des canards, patassent de bonheur autour de la mare.
--
publication : 02 janvier 2020
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquette #Breve2http://trublion.fr
Bertine : Impair dans la boue - Breve 1
Illustration numéro 1 - choix de la tehnique
stylo bille et crayons de couleurs
On a perdu le Père Noël !
Enfin, pas tout à fait, on l'a retrouvé, à plat ventre dans la gadoue d'une mare à vaches, les bras en croix, la tête enfoncée dans la boue, salement mort dans son costard de pacotille.
Bon, OK, j'avoue, ce n'était pas un vrai Père Noël, mais tout de même. C'était le curé de la paroisse de Saint-je-ne-sais-plus-qui sur Je-ne-me-rappelle-plus-quoi. Peu importe, ici, les curés sont condamnés à l'itinérance, les églises sont plus nombreuses qu'eux. Donc, comme ses collègues, le Père Mounier tournait d'une commune à l'autre, traînant sa soutane de baptême en enterrement. À Noël, cédant à la cause païenne, il passait du noir au rouge. Faire le Père Noël n'était pour lui qu'une autre façon d'approcher les âmes dont il avait la charge, nous dit-on.
Bref, ce matin, tout le village en parle. Un saint homme, d'après l'avis éclairé des bigotes. Le nez dans leur tisane, elles évoquent son dernier prêche sur le « pardon dû aux pécheurs ». Tout un programme... À les entendre, on jurerait qu'elles n'ont jamais entendu parler des pratiques de l'Inquisition. Luciole et moi, les curés, même rouges, on n'aime pas trop ça, mais nous tendons l'oreille, plutôt excitées. En fait, cette mare, se trouve à deux pas de chez nous. Je la croise souvent dans mes promenades, elle est encore moins profonde que celle de Boulin. Fallait qu'il soit vraiment bourré, le curé.
Affaire à suivre...
--
publication : 25 décembre 2019
L' Amicale De Bertine sur FaceBook : @ADBertine
#JeLisBertine #ImpairDansLaBoue #Polar #Bertine #Enquette #Breve1